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Les secrets d'un armurier
Dans la brume automnale qui recouvre la campagne, le chasseur de bécasse, souvent solitaire, est un esthète. Un perfectionniste qui aime goûter à ces instants magiques sans cesse renouvelés au fil des sorties. Dans sa quête de l'oiseau mythique, deux éléments sont essentiels: un bon chien qui a du nez et arrête, mais aussi une arme adaptée. Nous vous donnons ici quelques pistes pour acquérir le fusil de vos rêves.
La Dame des bois est insaisissable, rusée, déconcertante. Elle laisse souvent admiratif, quelquefois pantois, celui qui la traque. En un claquement d'aile, elle gicle au milieu de la végétation et tente d'échapper à ses ennemis:
le chien et le chasseur. La chasse à la bécasse est un art que les puristes aiment pratiquer avec une arme adaptée. Sur le marché, les principales marques françaises et étrangères rivalisent de technologie. Depuis plusieurs années déjà, on trouve pléthore d'armes spécifiques à la chasse à la bécasse. La grande majorité des « bécassiers » pratiquent avec un calibre 12 superposé, voire un juxtaposé. existe cependant quelques adeptes du semi-automatique.
On recense aussi de nombreux amateurs de calibres 20, mais également du légendaire calibre 16. Pour l'un comme pour l'autre, il faudra trouver la «bonne» cartouche. «Le 20 est une arme redoutable même à une certaine distance, à condition d'être 'dedans' », observent Benoît et Pierre-Luc Gallissalre, quêteurs de mordorée dans les sous-bois du département de Lot-et-Garonne qui chassent avec un calibre 20 Baby Bretton. «II y a un engouement pour la bécasse qui se ressent dans nos ventes », reconnaît le maitre armurier Tony Gicquel, qui a créé en 1991 l'enseigne l'Arquebusier à Bordeaux. «Un fusil bécassier doit être court avec des canons de 60-65 cm, léger avec un poids autour de 2,5 kg et maniable », dit cet expert qui dessine et réalise des armes sur mesure pour des chasseurs du monde entier. Les chasseurs de bécasses recherchent avant tout un fusil pratique dans les sous-bois ou dans les taillis touffus. Cette arme doit vite monter à l'épaule pour offrir un swing plus efficace et permettre un tir instinctif, à très courte distance, en une fraction de seconde, face à un gibier rusé qui déjoue les chasseurs les plus expérimentés.
Canon lisse ou rayé?
Avant d'aborder l'esthétique de l'arme, les amateurs de notre sorcière des bois sont confrontés au dilemme des canons. Choisir un lisse ou un rayé pour le tube Inférieur, qui augmente la dispersion des plombs. La question fait débat chez les chasseurs. Et il est très difficile de trancher, tant les deux options ont leurs fervents adeptes. «Rayé ou lisse, peu importe, une bécasse se manque de la même manière», relativise Patrice Bozzo, fine gâchette du Tarn, qui traque la mordorée dans les monts de Lacaune. «L'essentiel est de trouver la cartouche Idéale pour éviter de blesser un oiseau que l'on pourrait perdre.» Tony Gicquel opte pour un canon lisse en tube Inférieur et un quart de choke ou un demi-choke dans le tube supérieur, qui permettent de faire face à bon nombre de situations différentes et garantissent une bonne qualité de gerbe. «L'idéal est d'avoir deux canons, un pour la plaine et un pour le sous-bois avec chokes interchangeables», concède l'armurier qui, lorsqu'il réalise un fusil bécassler, gagne du poids en supprimant la bande ventilée ou en ajourant les canons. Dans son atelier, il préfère cependant utiliser l'acier venu d'Italie pour fabriquer une bascule plutôt que l'ergal, réservé aux armes industrielles.
Pour le côté esthétique, les chasseurs de bécasse, passionnés et esthètes, se font plaisir en acquérant une arme avec une finition «mordorée». La bascule, platine et contre-platine peuvent être gravées au laser à l'or fin pour une arme industrielle ou bien réalisées par des maîtres graveurs pour un fusil sur mesure. Mais l'esthétique à un coût non négligeable, car une gravure faite à la main exige des dizaines et des dizaines d'heures de travail. «Un fusil sur mesure est unique, c'est un objet d'art à part entière qui demande un an, voire plus, pour le réaliser», dit Tony Gicquel.
Le bon rapport qualité-prix
La grande majorité des chasseurs recherche toutefois le meilleur rapport qualité-prix. Pour un fusil bécassier classique, sorti d'usine, comptez entre 1 300 et 3500 euros selon les marques et modèles. Pour une arme version luxueuse avec gravures faites main, bois précieux en noyer 5 ou 6 étoiles et calotte sculptée sortie d'un atelier d'une illustre maison ou de chez un maître artisan, votre budget oscillera entre 8500 et 20000 euros, voire plus. Tirer avec une arme de prestige ne garantit pas le succès, mais procure le plaisir d'avoir une belle mécanique entre les mains.
# FABRICATION FUSIL BECASSIER
Toutes les prestations
Surface 150 m2. Parking privé gratuit. Atelier intégré (armurier : Tony Gicquel, diplômé de l'école de Saint-Étienne). Installation de tir au sanglier courant à 50m et parcours de prise en main d'armes lisses (à 30 km).
Exclusivités
Tony Gicquel crée et façonne ses propres fusils juxtaposés et superposés, carabines à verrou, carabines express juxtaposées et superposées, et carabines à un coup.
À notre avis
Le métier et la passion de Tony Gicquel, fondateur de L'Arquebusier, c'est la réalisation d'armes de ses mains. Il les élabore, hormis les gravures façonnées en externe, entièrement sur place. Tony Gicquel répare, restaure et
réhabilite également les belles armes lisses et rayées qui lui sont confiées. L'Arquebusier vend aussi des carabines et des fusils de seconde main, toujours de haute qualité et en état parfait.
La maison diffuse une très rigoureuse sélection de lunettes de visée (que Tony Gicquel monte bien sûr sur les carabines auxquelles elles se destinent), de nécessaires de nettoyage et d'accessoires de sellerie. Enfin L'Arquebusier commercialise de rares reproductions de dessins et de gravures cynégétiques. Tout cela pour l'enchantement des chasseurs qui se confient à Tony Gicquel... et pour son bonheur de satisfaire leurs désirs les plus chers!
Le Bordelais Tony Gicquel dessine et réalise des fusils pour des chasseurs du monde entier. De véritables joyaux qui demandent jusqu’à un an de travail.
La chasse est une passion dévorante. Tony Gicquel baigne dedans depuis son adolescence et en a fait son métier.
Depuis 2006, le personnage, discret, fait partie du cercle des rares artisans fabricants d’armes, l’élite de la profession. Ce qui lui vaut le qualificatif de maître armurier.
À la veille de l’ouverture générale de la saison de chasse qui aura lieu le 13 septembre, il s’apprête à livrer un fusil juxtaposé à platine type Holland & Holland calibre 20. L’arme luit sous la lumière. Ce « bijou » a demandé plus de 600 heures de travail et coûte plusieurs milliers d’euros. « C’est du très haut de gamme », justifie l’armurier, qui vient également de terminer un superposé de calibre 28 dont il est très fier. « Il a une bascule basse de type Boss et possède une élégance incomparable, avec une gravure composée d’une tapisserie florale et animalière. » Entre cinq et dix fusils sortent chaque année de son atelier.
En 1991, Tony Gicquel s’installe dans le quartier Saint-Augustin, à Bordeaux, où il crée l’enseigne L’Arquebusier. « C’était
un petit coin de campagne, à l’époque », se souvient-il. Après une dizaine d’années passées à réparer et remettre en conformité des fusils et carabines, à réaliser des crosses, bronzer des canons, poser et régler des lunettes de tir…, il se lance dans la fabrication. « Mes plus fidèles clients m’ont incité à concevoir mes propres armes », confie celui qui a fréquenté les plus grands noms de l’armurerie stéphanoise, comme Joannés Fey et M. Seguineau. « Ils m’ont entouré, guidé, et donné de précieux conseils. J’étais formé au travail du bois et du métal, ils m’ont appris la technique de l’art. » Dans la famille Gicquel, il y avait bien un oncle éloigné qui chassait mais c’est dans les pas du grand-père d’un copain que Tony, gamin, découvre les plaisirs d’une activité pratiquée aujourd’hui par plus de 1,2 million d’adeptes au plan national. «J’ai aimé comprendre la nature et ses odeurs. Nous allions dans la forêt au Grand-Crohot, à Lège-Cap-Ferret. On chassait aussi autour des gravières à Mérignac, il y avait de belles passées au gibier d’eau et des grives.»
Au lycée, Tony Gicquel est doué pour les matières scientifiques : la biologie, la physique et la chimie. Alors que le baccalauréat approche, il abandonne pour s’orienter vers un CAP-BEP en micromécanique. La décision est courageuse. Il ne le regrettera pas. Un professeur de dessin du lycée Marcel-Dassault, à Mérignac, décèle sa dextérité et voit en lui un élève brillant, méticuleux, et lui suggère de poursuivre ses études dans une école d’armurerie à Saint-Étienne. « J’en ai parlé à mon père, qui m’a répondu : on y va. Le lendemain, on prenait la voiture pour le Forez. »
Les portes du lycée Benoît-Fourneyron franchies, Tony Gicquel s’imprègne aussitôt des émanations du vernis et de l’acier, et tombe en admiration devant des râteliers avec de magnifiques armes. « J’ai découvert qu’il y avait une dizaine de métiers dans l’armurerie. » Diplômé, il pose ses valises en Touraine, chez Romain Talabot, Meilleur Ouvrier de France, et se perfectionne encore avant de revenir à Bordeaux pour y créer son enseigne et se faire un nom en parcourant les salons avec son épouse Véronique, qui s’occupe de la partie administrative. «Au début, c’était difficile. Il a fallu percer dans un milieu fermé.»
L’armurier montre son savoir-faire et impressionne les esthètes, ébaubis devant le travail réalisé sur les crosses des fusils. «Elles sont faites avec les plus jolis bois venus du Caucase et du Périgord. Ce sont des racines de noyer, celles qui ont les plus belles veines, avec beaucoup de contraste.»
Sur le bois arrivé brut, l’homme esquisse une ébauche de la crosse qu’il va tailler, raboter et poncer au millimètre près pour l’ajuster au chasseur. « Il faut être à l’écoute du client. C’est du sur-mesure.
On prend la largeur des épaules du chasseur, la longueur des avant-bras, le tour de cou. Au final, je tire les lignes pour
donner une parfaite harmonie au fusil. L’arme doit être agréable à l’œil et au toucher. » Crosse de type pistolet, anglaise ou prince-de-galles, le maître armurier propose différents modèles et adapte ensuite les canons issus de chez
Lamec, un des plus grands spécialistes italiens. La gravure sur la bascule est confiée à un maître graveur capable
d’exécuter tout type de projet, du plus classique au plus original, au choix du client. Une fois assemblé, le fusil passe au banc d’épreuve, à Saint-Étienne, pour être homologué. L’armurier virtuose effectue les derniers réglages et appose sa signature sur le canon. Le « bijou » est prêt à être livré.
Le dimanche 13, à l’aube, Tony Gicquel ira arpenter la campagne avec sa chienne Galica, un cocker de 4 ans. Pour le chas-
seur, l’ouverture, c’est sacré!
Sud-Ouest le Mag - Edition du 1er septembre 2015
A Bordeaux, Tony Gicquel vient de terminer une arme rare, délicate à fabriquer et typique du X1X° siècle : le Bar in Wood. Un fusil juxtaposé dont la bascule est noyée dans la crosse et dont seule la platine émerge du bois. Difficulté de l'opération, réaliser une parfaite assise de la bascule dans le bois avec des ajustages impeccables. Mission accomplie? Jugez plutôt...
La platine est à ressort arrière, la partie avant de la crosse est ainsi moins évidée.
Tony Gicquel vient de refondre entièrement son site Internet. En 1991, le spécialiste polyvalent de l'arme de chasse ouvrait à Bordeaux l'Arquebusier, à la fois armurerie traditionnelle et atelier de fabrication d'armes lisses et rayées, droites et basculantes - puisque des carabines à verrou figurent désormais parmi les créations de Tony.
Le site vous fait découvrir les multiples facettes de cette armurerie et de son propriétaire. Photos et vidéos vous invitent à la visite de l'atelier et à la découverte du travail de l'artisan à l'établi. Ceux qui recherchent une arme ancienne apprécieront le riche chapitre «armes d'occasion», où les modèles sont décrits avec précision et toujours photos à l'appui.
Tony Gicquel vient d'achever une Kipplauff à contre-platines, double détente et stecher, en calibre 6.5x68. La crosse tirée d'un noyer cinq étoiles poncé à l'huile, doté d'une joue bavaroise, d'une poignée très courbée type Kaiser Griff et plaque de couche en ébène. A noter le devant fer de cette kipplauff est de type boss, long et taillé dans la masse. Le devant, justement, se dépose par un auget situé loin en avant, à la façon des anciens fusils à chien. Cette pédale d'auget est intégré à la pièce d'ébène qui termine la crosse.